Les clés pour libérer la valeur ajoutée des talents Hauts Potentiels en France

Aujourd'hui, je vous propose un rapide tour d'horizon de ce vaste sujet que j'ai décidé d'aborder à travers différents thèmes, toujours conscient de ma subjectivité et des schématisations que demandent l'écriture d'un article compréhensible. Même basé sur mon expérience, c'est un essai. A vous de vous en inspirer pour vos propres recherches. 

A travers cet article, ce qui s'est exprimé doit probablement émaner de ce que j'ai ressenti et observé dans les PME comme dans les grandes organisations, et de tant de témoignages. Témoignages de terrain également, qui montrent que le sujet du HPI, loin d'être un sujet "perché", ou uniquement une mode de cadres en mal de reconnaissance qui veulent tous que leur enfant soit surdoué, concerne le quotidien de toutes les françaises et français. Et devrait être considéré comme stratégique dans le contexte de guerre économique que nous connaissons. 

Cet article s'adresse aux acteurs politiques, aux DRH et dirigeants, aux acteurs de la transformation des organisations, ainsi qu'à toutes les personnes qui se reconnaissent ou sont concernées de près ou de loin par la douance - nommée aussi HPI, haut potentiel, surdouance.

 

Clé I. Comprendre ce qu'est la douance (haut potentiel intellectuel, HPI), comment elle se mesure et ce qu'elle apporte à l'entreprise

a) Les caractéristique que nous voyons souvent (qui s'ajoutent au HPI validé par le WAIS)

Attention, je témoigne ici des caractéristiques des personnes que je rencontre souvent, qui représentent le type de HPI le moins visible et paradoxalement le plus utile pour comprendre la complexité, gérer la complexité et anticiper. Non représentatif de l'ensemble des HPI.

J'observe souvent les caractéristiques suivantes, qui sont autant de potentiels pour les entreprises, et pour le pays : 

  • Forte sensibilité des 5 sens (à ne pas confondre avec hypersensibilité au sens psychologique du terme)
  • Émotions intenses, parfois très variables sans relever d'une pathologie (erreurs de diagnostics fréquentes avec la bipolarité/dépression)
  • Forte empathie cognitive
  • Intelligence intuitive, avec un rapport au temps singulier >> Article consacré à la partie intuitive de la douance. Parfois une procrastination qui est NORMALE et fait partie du processus de résolution de problèmes.
  • "Tempête sous le crâne" : des pensées et des idées dans tous les sens à grande vitesse, parfois en arborescence (en apparence), ce qui impacte la communication
  • Parfois : perfectionnisme / sentiment de décalage dans les relations sociales et face au fonctionnement de la société (attention : décalage qui n'est pas dû au HPI mais à l'écart entre le fonctionnement du HPI et l'environnement. Un Extraverti dans un milieu Introverti ressentira un décalage sans qu'il s'agisse d'une pathologie !).
  • Multipotentialité souvent associée (trait de personnalité sans validation scientifique à ma connaissance mais grille de lecture extrêmement utile) : plus il travaille sur des domaines différents, plus il excelle dans chacun de ces domaines, transversalité, transdisciplinarité >> Article entièrement consacré à la multipotentialité
  • Capacité d'imagination et de créativité. Certaines hauts potentiels peuvent apporter des révolutions conceptuelles majeures
  • Intelligence stratégique (au moins potentielle), largeur de vue
  • Très forte capacité à résoudre un problème complexe avec rapidité et pertinence, qui se mesure (parfois) par le QI. Attention :  les personnes HPI sont souvent les dernières à s'imaginer douées. 

 

b) Détection du haut potentiel

L'hypothèse d'un certain niveau de douance est validé par une personne psychologue, vraiment diplômée (numéro ADELI), qui doit prendre le temps de vous écouter, et vous fait passer le bilan WAIS, SI cela est pertinent, dans le cadre de tout un processus psychologique. Elle doit parler des limites et de l'histoire de QI, des problèmes éthiques qu'il pose, de son orientation politique notamment, afin de tirer du bilan uniquement le meilleur.

Nous avons la chance aujourd'hui de disposer du dernier ouvrage de Nicolas Gauvrit, Psychologie du haut potentiel, qui remet en question de nombreux mythes, notamment celui d'une différence qualitative d'intelligence dès le passage de la barrière des 130 de QI. 

La douance est un continuum, un graphique dans son livre le montre de manière tout à fait transparente, et le rôle d'un psychologue, plutôt que d'entretenir le fantasme d'une douance qui serait réelle strictement à partir de 130 (ce qui revient à faire payer pour obtenir une forme de reconnaissance), est, d'après sa charte éthique, d'accompagner chacun à prendre le meilleur de son intelligence-sensibilité particulière.

Oui, la notion d'une forte intelligence d'une partie d'entre-nous est une réalité démontrée au niveau scientifique, elle se voit dans le cerveau. On se réfèrera au livre de Nicolas Gauvrit, Psychologie du haut potentiel, sur les chapitres traitant des aspects neurologiques et cognitifs. Mais on gagne à ne pas en faire une différence qualitative (essentialisation) entre les personnes, seulement quantitative et progressive. 

 

c) Les 6 principaux besoins des hauts potentiels (HPI) 

Les principaux besoins de la personne haut potentiel sont les suivants :

Contexte : 

  • Un cadre, assumé par la direction, qui encourage l'accès au pouvoir par l'ouverture d'esprit, l'intelligence, la créativité (corrélé d'après études scientifiques), les résultats concrets
  • La capacité à manager et à communiquer de l'entourage professionnel
  • La connaissance de la sensibilité particulière de certains HP

Spécifique au poste : 

  • La flexibilité, la diversité des missions et leur transversalité
  • La stimulation intellectuelle, la complexité des missions
  • La capacité d'agir, le soutien politique réel

note : l'injonction "fais tes preuves d'abord, la reconnaissance ensuite" est une catastrophe pour l'entreprise et la société ! Cela met la personne en quête de légitimité et pousse au mensonge, avec les risque en terme de contrôle interne associés. On donne d'abord un poste clair, un soutien clair, et sur cette base, la personne renforce sa légitimité. 

 

d) Expression du haut potentiel dans un contexte positif

Par expérience, nous posons l'hypothèse que dans bien des secteurs (Défense, Systèmes d'Information, Logistique, Energie, Télécom, Conseil en stratégie, Services stratégiques de l'Etat...) la personne HPI, avec en plus une pensée intuitive et une forte sensibilité de perception, est d'une complémentarité essentielle pour anticiper, décider, relever les signaux faibles, dans les contexte dangereux, rapides et complexes que nous vivons.

 

Inclure le HPI, c'est accueillir un peu de la pensée chinoise, pour éviter d'être dirigé un jour par la pensée chinoise. La phrase est facile, bien sûr, mais me semble avoir un part de vérité aujourd'hui. 

Aujourd'hui, on ne parle que du sommet de l'iceberg du haut potentiel : une personnalité différente, qui pourrait beaucoup apporter à la société, mais sans plus, une neurodiversité comme une autre. Or ils peuvent apporter des révolutions conceptuelles majeures : des idées dans les techs notamment, que l'on ne voudrait simplement par voir se développer chez le concurrent ou une autre grande puissance. 

La pensée intuitive du HPI lui apporte une richesse intérieure qu'il ignore lui-même souvent et l'amène à imaginer l’inimaginable, à anticiper ce que nous ne voulons pas voir, à sentir très concrètement ce que nous ne voulons regarder en face.

Des personnes non HPI peuvent être des génies et tous les génies ne sont pas HPI. Cependant, il me semble qu'inclure les HPI plutôt que de le laisser partir ailleurs, cela augmente la probabilité de garder des talents hors norme.  

Clé II. Comprendre que la libération de la valeur ajoutée des talents HPI constitue un enjeu sociétal, stratégique et financier majeur, pour l'Etat comme pour le grand groupe français

Au delà des aspects humains que je décris dans d'autres articles, de manière très pragmatique, les raisons pour lesquelles l'enjeu est colossal sont les suivantes :

  • Les hauts potentiels représentent à eux-seuls au moins 2% de la population (selon la définition purement arbitraire dite du QI), soit autour de 2.2 millions de personnes concernées par le haut potentiel dans l'espace francophone par exemple
  • Une grande partie des enfants hauts potentiels aujourd'hui vivent dans des contextes familiaux, sociaux, scolaires, qui ne répondent pas à leurs besoins les plus essentiels et risquent de vivre une situation de handicap dans toute leur vie future.

note : On crée en France des personnes fragiles au niveau cognitif, par une école adaptée ni aux HPI, ni d'ailleurs aux autres. Donc des personnes facilement influençables, ce qui peut participer à un morcellement de la société et une difficulté à gouverner; donc une dépendance accrue aux puissances voisines. 

  • Une grande partie des adultes également vivent dans l'ignorance de leur haut potentiel. Ils sont déconnectés d'eux-mêmes, vivent dans l'adaptation et n'ont pas la capacité de trouver l'épanouissement social et professionnel. Au delà des souffrances inutiles, cela coûte des milliards d'euros ne serait-ce qu'en France (hospitalisation, chômage qui pourrait être évité), sans compter des coûts d'opportunités (défense, intelligence stratégique/économique, cybersécurité, intelligence artificielle, recherche et développement).
  • Comme les études le démontrent, la majeure partie des personnes HPI vont très bien. Et font carrière là où leurs proposition d'innovations sont accueillies, c'est à dire rarement en France. Souvent, dans des sociétés stratégiques pour le pays et nos alliés, des HPI et/ou atypique (encore pire si cumulé avec d'autres "diversités"), qui ont des idées géniales et la capacité de les mettre en place, font face à un entre soi masculin d'un autre temps qui bloque toute intelligence. Le françaises et les français paieront.

 

 

Clé III. Comprendre que libération de la valeur ajoutée des hauts potentiels rime avec libération de toute la puissance de l'intelligence artificielle et aux innovations techniques

Ces sujets apparemment distincts sont en réalité étroitement liés pour les raisons suivantes :

  • Énormément de hauts potentiels travaillent dans ce secteur, même si leurs talents sont encore largement sous-exploités
  • La pensée globale, intuitive, ouverte du haut potentiel, se trouve parfaitement en phase avec la compréhension profonde de l'intelligence artificielle* à un niveau technique, stratégique, économique, éthique.

Enjeu : libérer la valeur ajoutée de ces talents dans le secteur IA qui augmente de 20% la productivité des entreprises; secteur par ailleurs en retard par rapport à d'autres pays et dans lequel des milliards vont être investis.

*IA est un terme galvaudé que nous écrivons ici par soucis de simplicité. Nous entendons : analyse de données avec des algorithmes complexes. Nous pourrions bien sûr inclure la blockchain (qui en France subit une moralisation inutile pendant que d'autres pays investissent).

Clé IV. Comprendre qu'un projet de libération de la valeur ajoutée des talents doués demandera un changement dans la représentation même que l'on se fait du management (valable à toutes les échelles, PME, grand groupe, francophonie, Europe)

Un projet à grande échelle de libération des potentiels de ces personnes aux intelligences-sensibilités particulières ne pourrait se faire qu'en parallèle d'un renversement majeur de la philosophie du management (surtout dans le secteur public), et dans la manière même d'aborder la politique et la pensée.

C'est l'adoption d'une pensée complexe, nuancée, apolitique, qui met la méthode scientifique au premier plan (Lumières), qui permettra de supporter des plans multi-niveaux et non centralisés d'accompagnement des hauts potentiels.

Ce que fuient les hauts potentiels les plus brillants en allant à Palo Alto construire le monde de demain, c'est en résumé l'image qu'ils ont d'un système qui, dit dans le langage courant "privilégie l'entre-soi et la politique plutôt que l'intelligence". Ce terme peut sembler flou ou digne d'un journalisme clientéliste : beaucoup voient tous les jours très concrètement ce à quoi cela correspond dans les entreprises et les institutions.

Pour revenir sur du concret, quelques propositions de clés pour la personne DRH, appuyée par le direction : 

Recrutement / Mesure de la performance / Cadres HP

  • Inclure les personnes avec un niveau de douance élevé (HPI) et une bonne intelligence stratégique, parmi les HiPo. 
  • Diminuer la liste touffue des exigences pour être parmi les HiPo, qui ferait passer un génie entre les mailles du filet. Car oui, une seule personne peut tout changer dans un groupe. Si les tests d'intelligence même non biaisés ne suffisent, on l'a écrit, à qualifier la douance, ils ont le mérite de fournir des éléments concrets
  • Inclure des tests d'intelligence moins dépendants au temps (l'intelligence pressée est un danger pour les organisations). L'important est que la personne puisse sentir des lois cachées qui sous tendent des données disparates en apparence, puisse trouver du sens dans la complexité. 
  • Fiabiliser la mesure de la performance et y inclure la capacité à anticiper et la qualité des intuitions. Ce qui demande d'installer des process pour vérifier que toute performance, idée, est visible. On trouve des vendeurs HPI qui font 200% de leurs objectifs mais il y a souvent une excuse pour dire qu'ils ont de la chance, car l'a personne n'a pas obtenu ces clients selon un processus connu ou rassurant. Simplement accepter que le résultat, c'est le résultat.
  • Les études de cas sont le meilleur moyen de rater des intelligence-sensibilités atypiques qui ne savent pas jouer avec du faux; idem pour les "mises en situation"des cabinets d'évaluation

Management 

  • Former sur le HPI, et former aussi sur le fonctionnement de la personne toxique pour l'organisation
  • Imposer des modalités relationnelles strictement professionnelles, sans exception (respect de l'autre, respect de la parole de chacun dans les équipes, absence de préjugés, absence de favoritisme). 
  • Insuffler une culture de l'intuition et de la créativité, surtout dans les organisations avec beaucoup d'ingénieurs, pour démultiplier l'intelligence collective
  • Faire accompagner à la nécessaire transformation et au delà de cela, insuffler une culture de la transformation

Politique salariale 

  • Payer plus une personne aux résultats plus élevés, quitte à obtenir des différences de salaires importantes. La non corrélation salaire / apport à l'organisation, selon ma perception, provoque une démotivation cachée (qui peut être très inconsciente même chez la personne pour qui l'argent n'est pas important), donc des cashs flows futurs négatifs

 

 

Sans l'instauration d'une culture "anglo-saxonne à l'européenne" au sein des organisations (où une jeune femme de 32 ans peut devenir patron d'une filiale si les résultats sont là, où une personne ingénieur géniale sera payée le même salaire qu'en Californie) c'est l'assurance, en France, de dépendre encore plus des GAFAM, encore plus des américains. 

Clé V. Eléments favorisant la réussite d'un projet de libération de la valeur ajoutée des hauts potentiels (valable à toutes les échelles, PME, grand groupe, francophonie, Europe)

Les éléments favorisant la réussite d'un tel projet nous me semblent être les suivants (non exhaustif, échelle PME - grande groupe - pays, durées : 1 an - 15 ans) :

  • Projet avec des rôles clairs, flexibles et à la fois délimités
  • Projet absolument apolitique et donc crédible, audible : on est pas là pour faire passer une morale (chacun a ses convictions hors entreprise), mais pour libérer tous les talents au bénéfice de l'entreprise
  • De la part des membres : absence de toute démarche de "sauveur", de toute posture "sur la défensive", exigence d'un travail sur soi avant de faire partie de tels projets
  • En termes de communication : si la douance et la multipotentialité entretiennent des liens avec l'asperger et avec d'autres caractéristiques cognitives, résister à toute tentative les dissoudre dans la "neurodiversité". Chez les HPI, les enjeux sont singuliers, la signification de ces enjeux également
  • En termes de communication également : ni d'humilité mal venue, ni d'arrogance, ni de politiquement correct : simplement un projet cadré, sérieux, visible pour libérer des milliards d'euros potentiels, et un mieux être pour tous au travail
  • Respect des données personnelles, pas d'identification nécessaire et de toute manière le fait même de vouloir identifier les HPI fausserait les résultats. Ethique rigoureuse sinon échec du projet
  • Absolument essentiel : projet décentralisé. Structuration et professionnalisation d'initiative existantes en terme de libération de la valeur ajoutée des hauts potentiels, puis connexion de ces initiatives entre elles. Management coopératif en majeure partie.
  • Projet à lancer d'emblée avec l'approche systémique : plus de rapports, de budgets validés en avance impossibles à estimer. Lancer le projet, laisser émerger les connections, les partenariats, et ajuster le cadre (dont le budget fait partie) en temps réel et en cohésion.

 

Clé VI. Eléments favorisant la réussite d'une transformation de l'école permettant également aux enfants doués de s'épanouir et de trouver les activités professionnelles alignées avec leurs zones d'excellences

En m'appuyant sur les témoignages des parents que je reçois en coaching, les éléments favorisant la réussite d'un tel projet me semblent être les suivants :

  • Une volonté politique de reconnaître les différentes formes d'intelligence et d'apprentissage. Continuer de tester différentes formes d'enseignement en vérifiant que l'on reste dans la méthode scientifique et que l'on glisse pas vers des idées politiques validées scientifiquement
  • Une véritable volonté politique d'accueillir la singularité de chaque enseignant, de valoriser ses résultats et ses idées, et de lui proposer des possibilités d'évolutions en alignement avec ses zones d'excellences
  • Faire passer des tests (revisités) à tous les enfants dès le plus jeune âge pour détecter le plus en amont possible la douance ou un grand nombre d'autres caractéristiques possibles (autisme invisible, tdah), et éviter ainsi des souffrances inutiles et un gâchis de talent. Les risques éthiques existent sur ce sujet, mais le respect basique des droits de l'homme n'est pas assuré lorsque l'on n'autorise pas les individus à mieux se connaître sous des prétextes politiques
  • Relier l'école avec le monde professionnel au plus tôt, afin que les enfants puissent connaître un maximum de métiers dans leur réalité concrète

En France, dans un contexte de guerre des talents, avec une dépendance aux américains et l'arrivée de la Chine, j'ai la perception que nous construisons une jeunesse fragile au niveau cognitif, hypersensible et encline aux influences étrangères sur les réseaux sociaux. C'est un immense gâchis de faire de ces enfants aux intelligences-sensibilités particulières de futurs adultes mal dans leur peau plutôt que des citoyennes et citoyens qui pourraient participer au progrès.

 

Il y a tout un business des tests pour enfant pratiqué sans éthique, qui donne l'image du HPI comme étant un sujet bourgeois et déconnecté : j'y vois le reflet systémique d'une grande absence de l'Etat sur ce sujet stratégique qu'est le HPI.

 

Un piste : arrêter de vouloir "transformer" l'école qui n'est pas une entreprise. Dans un premier temps, superposer à l'existant des projets transversaux, flexibles, basés sur le volontariat de la part des enseignants qui ont énormément d'idées et d'énergie à revendre qui ne trouvent pas toujours d'échos aujourd'hui.

 

Clé VII. Aspects philosophiques / Ethique et projet d'accompagnement des hauts potentiels

Selon moi, c'est comme si le concept même de douance avait structuré sa propre éthique, sachant l'Homme déraisonnable par essence surtout lorsque l'on parle d'intelligence : par définition, cette notion de HPI, HPE, douance, est floue et sera toujours débattue. Aucune définition précise du haut potentiel ne serait logique scientifiquement et philosophiquement : on est sur un faisceau de caractéristiques.

Ce flou concernant le haut potentiel contient une grande richesse : il va nous obliger à penser intelligemment le concept de haut potentiel et à dessiner des trajectoires durables. Par exemple, toute classification des individus dans les entreprises ou à l'échelle de l'Etat ne serait selon moi pas un projet pour haut potentiel, mais autre chose : désigner, classer, pour faire face à la peur de la complexité, pour des résultats financiers comme sociétaux négatifs.

L'éthique est une source de performance du projet de libération des talents hauts potentiels.

La notion à la fois socialement utile de haut potentiel, et rigoureuse scientifiquement et philosophiquement, ne peut qu'être relative à chaque système concerné (équipe, entreprise, secteur d'activité, etc) et par essence décentralisée : elle variera d'une entreprise à l'autre, d'un pays à l'autre.

Dans une société d'électronique, il sera utile de considérer comme sensibles et douées des personnes aux caractéristiques cognitives différentes que dans une société de production audiovisuelle. Et dans une école primaire, ce ne sera pas la même définition que dans une université ou une école de commerce ou d'ingénieur !

 

Conclusion

En restant très schématique et non exhaustif, je viens de vous proposer quelques clés pour libérer la valeur ajoutée des hauts potentiels au sein des organisations et dans la société.

Le plus important, c'est que tout un chacun comprenne la douance et pourquoi investir pour la libération de leurs potentiels est essentiel : au delà des aspects humains décrits dans d'autres articles, pour un pays ou un grand groupe, attirer et garder des hauts potentiels est une question d'intelligence stratégique. A l'échelle de la France, cela représenterait aussi très prosaïquement des économies importantes, dans un contexte où ce pays a une dette qui approchait 100% du PIB avant le Covid-19, parce que "la politique a trop longtemps été préférée à l'intelligence" d'après de nombreux témoignages "dans un pays où l'on ne peut plus penser"

Matthieu Lassagne